jeudi 8 décembre 2011

Une « France d’à côté » si loin et pourtant si proche


« La colère sourde des Français invisibles », c’est le titre de la Une du journal Le Monde du 7 décembre, suivi d’un très intéressant article d’analyse sociologique et politique du vote d’une partie des Français qui se sentent déclassés. Article qui devrait autant interpeler les responsables politiques nationaux que le lecteur châtelleraudais, tant la description des territoires concernés par ce malaise, celui du déclassement et de la perte d’identité, pourrait concerner la région de Châtellerault. Le sociologue Christophe Guilluy distingue ainsi l’existence aujourd’hui de deux France. La première serait celle des « 25 grandes métropoles qui profitent de la dynamique de la mondialisation », la seconde, dans laquelle on peut reconnaître un territoire comme Châtellerault, inclurait le monde rural, périurbain, ainsi que de nombreuses villes moyennes touchées par la désindustrialisation et les plans sociaux à répétition.
Au-delà de l’analyse sociologique, c’est bien sa traduction politique qui invite à la réflexion et à la vigilance. La question de ce que fera cette France reléguée en 2012 est posée et le risque d’une forte abstention et du vote Front national dans ce type de territoire est clairement pointé. Le rappel des niveaux records d’abstention aux élections depuis 2007, ainsi que le haut niveau du Front national « aux cantonales de Mars, y compris dans certains secteurs de cette France de l’Ouest où le FN était jusque là inexistant » est aussi une alerte sur un territoire comme Châtellerault, qui a connu aux cantonales un second tour PS-FN sur le canton Sud.
On ne peut que s’inquiéter dans ce contexte de l’issue des échéances électorales de 2012 en terres châtelleraudaises, inquiétude renforcée par le contexte d’éclatement des candidatures de gauche aux législatives. L’absence d’un candidat socialiste sur la 4ème circonscription de la Vienne pourrait y être interprétée comme irresponsable, comme un signe d’abandon de l’électorat populaire dans ce type de territoire. Cette interprétation est renforcée par l’application de l’accord électoral EELV-PS à une circonscription, dont la population au vu de ses attentes premières en termes d’emploi et de pouvoir d’achat ne pourra naturellement se tourner vers un candidat Vert.
En l’absence d’offre structurée à gauche, l’abstention et le vote FN apparaissent donc comme des risques réels. Certains l’ont sans doute déjà compris puisque la candidature d’un des membres de l’équipe de Marine Le Pen serait attendue sur cette circonscription comme le révèle la NR du 8 décembre.